L'inspiration de Michel-Ange

Une peau humaine est suspendue. Le visage n’a pas de crâne, pas de cerveau, pas d’yeux. C’est un masque gris détendu. A la place des yeux et de la bouche, de vastes trous noirs sans fond dessinent une grimace pâle. Ceci est l’autoportrait de Michel-Ange, peint par l’artiste sur le plafond de la chapelle Sixtine alors qu’il avait une soixantaine d’années. Dans cette œuvre représentant les bienheureux et les maudits, le peintre s’imagine comme une peau humaine. Même dans cet autoportrait, on reconnaît son visage puisqu’il avait été peint un grand nombre de fois par ses contemporains. La barbe, les cheveux noirs, la tristesse ; tous ses traits familiers sont ici reconnaissables.
La célébrité de Michel-Ange repose principalement sur ses débuts, alors qu’il sculptait des statues de marbres telles que Bacchus, la Pietà, puis plus tard David. Ces œuvres avaient plus de vie et dégageait plus d’expression que la plupart des anciennes statues grecques et romaines glorifiées au cours de la Renaissance. Puis le Pape Julius II fit appel à Michel-Ange pour concevoir le tombeau papal et peindre la voûte de la chapelle Sixtine.
Connu pour ses fresques et ses sculptures, Michel-Ange a passé les dernières années de sa vie à écrire des sonnets. Les poèmes de Michel-Ange reflètent ses sculptures comme le démontrent ses œuvres L’Esclave mourant ou Le Génie de la Victoire. L’amour n’est pas la source d’inspiration du peintre. Michel-Ange s’inspire de la nature de l’art dans ses vers et utilise la sculpture comme métaphore.
Michel-Ange retranscrit par Chostakovich

1974, nous sommes au festival international de Manchester et Chostakovitch s’apprête à se retrouver propulsé sur le devant de la scène alors que Peter Sellars dirige sa Suite pour basse et piano sur des poèmes de Michel-Ange. Dans cette œuvre extraordinaire, le compositeur explore le cœur obscur du peintre. Chostakovitch avait été banni de la société soviétique. C’est en 1974, à la fin de sa vie, qu’il composa une musique qui permit de redécouvrir Michel-Ange et qui révéla la profonde mélancolie du poète.
Chostakovitch transmet cette poésie à travers une musique fragmentée, difficile et tragique. Le fait qu’il ait fallu attendre un compositeur moderne pour retranscrire parfaitement le langage du peintre constitue probablement une preuve de la modernité de l’œuvre de Michel-Ange. Ces mots, découpés comme aux ciseaux, taillés comme des blocs de marbre, s’apparentent au souffle entrecoupé dans l’œuvre du compositeur.
Cette musique n’est pas la seule à refléter les sonnets de Michel-Ange. Benjamin Britten a également composé une puissante réponse à la poésie du peintre. C’est une obscurité impressionnante de Chostakovitch amplifiée avec l’âge, après une vie de souffrance et de rage, qui parvient à retranscrire la quintessence de Michel-Ange.
Symphonie n°7 de Chostakovitch