Un artiste incontournable du chant lyrique
Maître du lied mais aussi musicologue, le baryton Dietrich Fischer-Dieskau, mort à Munich vendredi 18 mai, avait chanté et enregistré un nombre incalculable d’œuvres. Il s’est éteint à la veille de son quatre-vingt septième anniversaire, dans sa résidence près de Munich. Sa carrière fut impressionnante par la quantité des œuvres enregistrées, par la qualité et la diversité des répertoires abordés. Peu auront eu une telle influence sur l'art du chant, plus particulièrement dans le lied allemand.
Ses débuts
Il perfectionne ses aptitudes en chant dès l’âge de 17 ans à l'Académie de Berlin. Il reprend ses études après la guerre et fait ses débuts dans le Requiem de Brahms en 1947. Le succès est tel qu'il est engagé à l'Opéra de Berlin pour un légendaire Don Carlos de Verdi, sous la direction de Ferenc Fricsay. Son interprétation de Wolfram dans Tannhäuser, à Bayreuth en 1954 ou son partenariat avec Wilhelm Furtwängler ont marqué l’histoire de la musique.
Consécration
Dietrich Fischer-Dieskau enregistra, dans les années 1970, l’intégralité des quelque quatre cents lieder de Schubert pour voix d’homme. A cette somme s’ajoute les nombreuses versions des cycles de La belle Meunière et du Voyage d’Hiver. Le répertoire contemporain lui était également familier, du War Requiem de Benjamin Britten – à la création duquel il participa en 1962 – au Lear du Berlinois Aribert Reimann, composé à son intention en 1978.
Il découvre les courants musicaux de la seconde moitié du xxe siècle et enregistre des répertoires variés, du baroque de Telemann aux rôles verdiens, jusqu'à la musique contemporaine d'Olivier Messiaen ou Othmar Schoeck. Il est le premier chanteur allemand à se produire en Israël accompagné de Daniel Barenboïm, à l'auditorium Mann de Tel Aviv en 1971, et montre que la culture germanique ne correspond pas à l'image qu'avait voulu en donner le régime nazi. Le violoniste Yehudi Menuhin avait pour lui la plus vive admiration.
Interprète du lied
Dietrich Fischer-Dieskau a interprété plus de trois mille lieder d’une centaine de compositeurs. Il a enregistré des œuvres telles que les Passions de Bach (Jésus, les airs de basse), les grands airs de concert de Mozart. Il resta l'interprète masculin de référence de tout le répertoire mahlérien, notamment dans les parties substitutives des mezzos comme Das Lied von der Erde dirigé par Leonard Bernstein.
Fin de carrière
Professeur d'interprétation musicale à la Hochschule der Künste (« École supérieure des arts ») de Berlin depuis 1983, il met fin à sa carrière de chanteur en décembre 1992, pour se consacrer à la direction d'orchestre et à la peinture. Il dirige des œuvres de Tchaïkovski, Hugo Wolf, Gustav Mahler, Richard Wagner.